Résumé
Les mutations génétiques rencontrées dans les cancers thyroïdiens et leur impact sur le développement tumoral sont de mieux en mieux connus depuis une vingtaine d’années. La mutation la plus fréquemment rencontrée est la mutation du gène BRAF substituant un acide aminé valine par un glutamate, dite BRAF V600E, mis en évidence dans environ 50 à 60% des cancers thyroïdiens papillaires. La présence d’une protéine BRAF mutante a ainsi de multiples conséquences dans le développement tumoral mais également une diminution de leur différentiation thyroïdienne par la diminution de l’expression des gènes impliqués dans la captation et le métabolisme de l’iode, rendant ces cancers plus fréquemment résistants à l’action de l’iode radioactif. Des développements thérapeutiques ont été réalisés pour cibler cette protéine mutante, et des inhibiteurs de BRAF sont maintenant utilisés pour leur activité anti tumorale et/ou pour leur capacité de redifférenciation et ainsi permettre aux cellules tumorales de recapter l’iode radioactif.
Outre la mutation V600E, d’autres anomalies touchant le gène BRAF peuvent être également rencontrés de façon plus minoritaire, et ces altérations sont rangées en 3 classes (I-II-III).
Des travaux récents réalisés dans d’autres cancers, où des anomalies BRAF peuvent également être rencontrées, suggèrent un impact pronostique péjoratif des mutations non V600E, pour lesquelles les inhibiteurs de BRAF actuellement disponibles semblent avoir une efficacité diminuée.
Peu de travaux se sont focalisés jusqu’à présent sur l’impact de ces mutations dans le cancer thyroïdien, et nous souhaitons avec la présente étude évaluer l’impact de ces mutations BRAF atypiques chez les patients avec un cancer thyroïdien métastatique réfractaire à l’iode.
Nous souhaitons donc recenser l’ensemble des patients pris en charge en France pour un cancer thyroïdien métastatique réfractaire au sein du réseau ENDOCAN-TUTHYREF et chez qui il a été mis en évidence dans le cancer (et non dans le reste de l’organisme) une mutation sur le gène BRAF qui ne soit pas la mutation V600E. Le but est de décrire leur forme de cancer thyroïdien, l’étendue et l’évolution de la maladie, ainsi que la réponse aux différents traitements proposés, et comparer l’ensemble à des patients présentant la mutation BRAFV600E ou ne présentant pas de mutation BRAF.